Institutions religieuses et laïques, entre pouvoirs et contre-pouvoirs
L’église et le presbytère : ferments de la solidarité villageoise
L’église Saint-Julien, reconstruite en 1870 sur les ruines de l’ancienne chapelle, agit longtemps comme centre névralgique : chaque baptême, mariage ou sépulture rassemble l’ensemble du bourg. Jusqu’en 1905 et la Séparation, le curé tient registres et sermonne aussi sur la vie civique. Une anecdote relevée dans le cahier de doléances communal de 1789 (Source : AD 58, série B) éclaire la vigueur de l’influence ecclésiastique, le curé se trouvant sollicité pour arbitrer des disputes sur le partage de la fontaine Saint-Julien, source du lavoir.
Après la loi de 1905, la commune reprend la charge financière des bâtiments religieux, mais laisse souvent les associations paroissiales en assurer l’entretien courant. La salle paroissiale devient alors un lieu de catéchisme… ou d’apprentissage de la couture et d’organisation de tombolas au profit des veuves de guerre (bulletin paroissial 1920-1932, archives diocésaines).
L’émergence des sociétés républicaines : du conseil à la caisse rurale
Parallèlement aux institutions traditionnelles, le XIXe siècle est aussi celui des sociétés rurales : en 1872, création d’une société de secours mutuel, ancêtre de la caisse locale d’assurance et d’entraide. Elle vient doubler, voire concurrencer, la charité paroissiale : ses statuts précisent l’attribution d’allocations en cas d’accident de charrette ou de maladie, votée en assemblée annuelle sous la présidence du maire et "avec un verre de vin blanc".
Au XXe siècle, la vie associative se structure : fanfare locale (dissoute en 1938 faute de clarinettistes…), équipe de football, puis, à la Libération, comité des fêtes et section du Souvenir français. Ces institutions, tout autant que les formes officielles du conseil ou de l’église, confèrent au village un tissu de sociabilité tenace, où l’on apprend, discute, chante, se souvient.