Le carnet de la Poste : premières pétitions, premières colères
Le bureau de poste de Vielmanay, installé depuis 1896 au rez-de-chaussée de la mairie, était plus qu’un guichet : on y allait envoyer ses chèques vacances, faire renouveler son livret, ou simplement glaner des nouvelles du voisinage. Lorsque, en février 1978, la Direction départementale des Postes annonce une réorganisation jugée “nécessaire en raison de la baisse du trafic”, l’émoi est immédiat.
Jean B., agriculteur alors jeune élu municipal, se souvient (témoignage recueilli en 2018) : “La première assemblée, on était une trentaine. Personne à la mairie n’avait reçu de courriers officiels, on a appris par l’employée elle-même qu’elle emballe les cases. Alors, une vieille machine à écrire, plusieurs feuilles de papier carbone, et la pétition a circulé de maison en maison.”
En mars 1978, plus de 146 signatures sont recueillies (source : archives communales de Vielmanay, dossier Postes 1978). Ce chiffre aura étonné : le village comptait alors 300 habitants, les absents ont souvent signé lors d’un passage au marché de La Charité. La pétition fut transmise à la sous-préfecture, et une délégation d’élus obtint un entretien, sans résultat tangible.
- L’impact ? La Poste n’a pas reculé, mais l’employée bénéficia d’options de reclassement.
- La commune obtint que la tournée du facteur ne soit pas réduite à une fois par semaine, contrairement à d’autres communes alentours.
- Un service temporaire de dépôt de courrier dans un commerce fut mis en place, pour 18 mois.
Ce moment-là marqua la prise de conscience des habitants : mobiliser localement peut, parfois, faire moduler une décision, sinon l’annuler. On y gagne des aménagements : horaires préservés, solutions de transition, maintien du lien social, fût-il fragile.